ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE
ET INNOVATION DE L'ÉTS
Qu’est-ce que le Design Thinking? - Par : Cédric Coquelle,

Qu’est-ce que le Design Thinking?


Cédric Coquelle
Cédric Coquelle Profil de l'auteur(e)
Cédric Coquelle est étudiant à la maîtrise en gestion d’innovation à l’ÉTS où il étudie la conception, le développement et la gestion de produits. Il est membre du laboratoire Numérix et fait partie du comité des « 24h de l’innovation ».

RÉSUMÉ:

Cet article vous explique ce qu’est le Design Thinking. Vous comprendrez à sa lecture que c’est un processus très facile à utiliser et à intégrer lorsqu’il vous faut créer, démarche que nous faisons, à bien y penser, quotidiennement!

Non, il n’est pas nécessaire de s’appeler Steve Jobs, Elon Musk ou encore Walt Disney pour être créatif. Pour preuve, des entreprises en démarrage comme MeYou Health, des organisations sociales telles que The Good Kitchen au Danemark ou encore des grandes entreprises comme IBM, n’ont pas attendu « le Messie » pour mettre en place des solutions innovantes. Pour mettre en évidence sa créativité et développer des solutions novatrices, le Design Thinking est un processus innovant à connaître et à essayer quelle que soit votre organisation, où que vous soyez sur cette planète, au quotidien ou dans des challenges comme les « 24h de l’innovation », un concours international d’innovation organisé par l’École de technologie supérieure (ÉTS) de Montréal, les 26 et 27 mai 2015.

Qu’est-ce que le Design Thinking?

Le Design Thinking est un processus d’innovation tirant son origine des pratiques de designers, qui diffère des méthodologies classiques d’innovation et de développement d’affaires. Jeremy Alexis, designer et professeur à l’llinois Institute of Technology (ITT) et membre de l’IIT Institute of Design, explique qu’il existe deux sortes de problématiques : les problèmes « domptables » et les problèmes « énigmatiques ». La première catégorie concerne des problèmes où il est possible d’obtenir suffisamment de données pour les résoudre. La seconde catégorie concerne à l’inverse des problèmes difficiles à cerner, à comprendre, à dévoiler tant les données sont nombreuses et leur analyse, subjective. Ce dernier type de problèmes est tellement diversifié et complexe qu’il demande un système de pensée nécessitant différents concepts et niveaux d’expérience pour aboutir à une solution.

Bien qu’originaire des pratiques de designers, le Design Thinking ne leur est pas exclusivement réservé. Au contraire, cette approche est basée sur la collaboration multidisciplinaire et multiculturelle afin d’encourager les personnes à explorer des possibilités qui n’existaient pas auparavant. Le succès du Design Thinking vient du fait que ce processus se concentre sur les besoins de l’utilisateur en prenant en considération le contexte et la culture des parties prenantes.

Jeremy Alexis définit en ces termes le Design Thinking :

« Nous croyons que le design devrait être centré sur l’homme pour améliorer la performance organisationnelle. Par “centré sur l’homme”, nous voulons dire que la conception doit être fondée sur des besoins réels d’utilisateurs basés sur des observations et non sur les caprices ou croyances personnelles du designer. Quand nous disons “améliorer l’efficacité des organisations”, nous entendons que le design doit créer et offrir de la valeur pour ses parties prenantes. Nous croyons également que le design ne doit pas fonctionner en vase clos : nous travaillons à documenter les méthodes de conception afin de les rendre plus reproductibles, prévisibles et évolutives. » (KLINKER et ALEXIS, 2009, p. 54, traduction libre)

design thinkin process

L’approche du Design Thinking

L’approche du Design Thinking permet de développer son empathie, sa confiance créative et sa capacité à visualiser dans le but d’apporter des solutions novatrices à des situations problématiques.

1. L’empathie

L’empathie est la capacité de se mettre à la place de quelqu’un avec curiosité, optimisme et respect. Cela signifie reconnaître le client comme une personne à part entière avec ses propres problèmes a contrario des ciblages ou segmentations issus d’analyses d’affaires classiques.

Cela implique de développer une compréhension des besoins et désirs rationnels ainsi qu’émotionnels du client. Comme l’indique Jonathan Ive, vice-président responsable du design chez Apple : « Nous sommes des êtres humains; notre première réponse est dominée non pas par des calculs, mais par les sentiments. […] Si vous avez un objet dans votre poche ou votre main pendant des heures à tous les jours, alors votre relation avec cet objet est profonde, humaine et émotionnelle ». (Traduction libre)

2. La confiance créative

Nombreux sont ceux qui associent la créativité aux artistes et pour cette raison, s’en éloignent, comme si le fait d’avoir des idées n’appartenait qu’à une certaine catégorie de personnes. Or, générer des idées est une capacité naturelle chez l’homme. Toutefois pour être créatif, il ne suffit pas d’avoir des idées, il faut aussi avoir le courage d’agir et de les mettre en pratique. Walt Disney disait justement : « Créer d’abord dans l’esprit et ensuite dans l’activité. » (Traduction libre)

La confiance créative témoigne de la capacité de présenter un travail inachevé et de participer à quelque chose ne faisant pas partie de ses qualifications initiales. C’est un aspect que chacun développe dans son enfance, mais qui, en grandissant, perd de son importance en raison de la crainte d’échouer ou d’être jugé.

L’échec fait pourtant partie intégrante du processus d’innovation. Plus tôt une idée est expérimentée, plus rapidement il est possible de déceler ses points forts, ses points faibles et ainsi de savoir si elle pourra fonctionner, s’il faut l’améliorer ou alors l’abandonner. Pour ce faire, il faut être capable de surmonter ses craintes pour faire des essais et de tirer profit de l’expérience, qu’elle soit positive ou négative. Pour faire l’analogie avec des skieurs de haut niveau, il faut savoir « chuter » à plusieurs reprises pour trouver la meilleure manière de descendre la « montagne de problèmes » qui nous attend lorsque nous souhaitons innover.

3. La visualisation

Visualiser est la capacité de former une image mentale d’une idée, d’un concept ou d’un objet physique. Cela peut être l’image d’une chose qui existe ou non. La visualisation est quant à elle la capacité d’un individu à communiquer une image mentale à un autre individu ou groupe d’individus. Avoir la faculté de rendre ses idées visibles induit un travail collaboratif plus efficace.

Le fait d’expliquer une idée de manière textuelle permet à chacun de former sa propre image mentale et risque d’éloigner l’interlocuteur de l’idée originelle : qui ne s’est jamais retrouvé dans une situation à mentionner que « ce n’est pas ce que j’étais en train de dire »?

Voici quelques astuces pour pallier ce problème :

  • Rester simple : rendre sa représentation visuelle la plus simple possible;
  • Décomposer son idée à l’aide des adverbes et pronoms relatifs suivants : qui, quoi, combien, où, quand, comment et pourquoi. Chaque partie de l’idée peut être visualisée et discutée en groupe;
  • Penser en métaphores et analogies : il s’agit de connecter deux choses semblables mais non liées afin d’ouvrir la discussion avec autrui et échanger en profondeur sur un ensemble de relations et possibilités. Cette approche se définit aussi par le terme « bissociation »;
  • Utiliser des photos : elles aident à capturer l’information, la rendre réelle et transmissible aux autres;
  • Expérimenter le storyboarding qui se définit comme une série de panneaux, de scènes capturant les séquences d’un événement (comme les séquences d’un film);
  • Créer des personas :  selon Wikipédia, un persona est une personne fictive qui se voit assigner une série d’attributs pour enrichir son profil de façon à mieux exprimer les caractéristiques du groupe cible.

La faculté de communiquer une image mentale d’une idée permet d’obtenir un meilleur engagement des collaborateurs pour créer ensemble une solution.

Conclusion

Adopter l’approche du Design Thinking permet de développer les idées et de les partager dans l’optique de construire de manière collaborative des solutions novatrices. L’empathie offre une compréhension profonde des interlocuteurs et permet ainsi de voir chaque problème comme une opportunité. La confiance créative amène à développer ses idées, apprendre de ses erreurs et capitaliser sur chaque expérience pour en sortir plus novateur. Enfin, la visualisation permet de transmettre ses idées telles que nous les imaginons dans le but d’intégrer un maximum de personnes dans cette image mentale, de lui donner la chance d’être enrichie et d’aboutir à une innovation. Si Leonardo Da Vinci est devenu un des plus grands inventeurs, c’est avant tout grâce à sa maîtrise de la visualisation : sa capacité à observer, percevoir et communiquer sa vision. Comme Leonardo disait si bien : « Toute notre connaissance a ses origines dans nos perceptions. »

Alors, nous nous retrouvons les 26 et 27 mai 2015 au challenge international « Les 24h de l’innovation » pour faire du Design Thinking?

.

.

.

Cédric Coquelle

Profil de l'auteur(e)

Cédric Coquelle est étudiant à la maîtrise en gestion d’innovation à l’ÉTS où il étudie la conception, le développement et la gestion de produits. Il est membre du laboratoire Numérix et fait partie du comité des « 24h de l’innovation ».

Programme : Gestion de l'innovation  Génie de la production automatisée 

Laboratoires de recherche : LIPPS – Laboratoire d'ingénierie des produits, procédés et systèmes 

Profil de l'auteur(e)


Recevez les dernières actualités scientifiques de l'ÉTS
commentaires

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *